L’ascension du Semeru

Le soleil se lève à peine et nous sommes tous les trois au sommet de Java, quand le silence est rompu. La montagne gronde, un gros nuage de fumée nous passe à côté : ça y est, le Semeru s’est réveillé !

Reprenons

Après le passage douloureux à Probolingo, réputée – à juste titre – pour ses arnaques, nous découvrons Cemoro Lawang, petite ville perchée en bordure du cratère du Bromo. La ville est sans charme, ultra touristique – donc chère – mais la vue est sublime : l’immense caldera est très verte, au centre le cratère du Bromo, crachant en permanence sa fumée et le Batok, éteint mais parfaitement conique.

Le package standard ici, c’est un tour de Jeep en fin de nuit pour admirer le lever de soleil puis aller voir le Bromo de plus près. Mais notre objectif est une trentaine de kilomètres plus loin : le sommet du Semeru, un autre volcan actif, le point culminant de Java !

En pleines emplettes de nouilles chinoises et d’essence pour notre réchaud, nous rencontrons Gregor, un sympathique Suisse allemand parlant un français impeccable et qui a les mêmes projets que nous : il partagera donc nos repas chauds ! Il faut dire qu’à 2000 m à peine, il fait déjà bien frais.

Rendez-vous est pris le lendemain matin pour rejoindre à pied Ranu Pani, le point de départ de la rando. Nous commençons par rendre visite au Bromo, au milieu d’une centaine de touristes indonésiens qui profitent d’un week-end de trois jours !

La caldera

La traversée de la caldera dans le sable est éprouvante mais les perspectives sont magnifiques.

Après presque 7h de marche nous atteignons enfin Ranu Pani où nous apprenons que le sommet du Semeru est interdit… et que 100 personnes sont déjà dans le parc ! Pourtant un guide s’apprête à y emmener un groupe de Singapour et il nous explique qu’il faut simplement s’assurer d’une bonne visibilité… bref, nous verrons bien !

Départ

Départ le deuxième jour pour une courte montée dans la jungle : 3h30 seulement mais sur un chemin semé d’embûches sous la forme d’herbes hautes, de racines et de troncs d’arbres en travers. Arrivés au lac de Ranu Kumbolo, assez grand pour accueillir 50 tentes (surtout si elles sont 48 sur l’autre rive) nous décidons de nous arrêter.

Après-midi contemplation, puis premier repas cuit à l’essence : c’est moins pratique que le gaz ! Mais bon, nous n’avons pas le choix ici…
Petit orage nocturne, un bon bizutage pour Gregor et sa tente louée.

C’est pas gagné

Le lendemain nous croisons le groupe de Singapour (parti pour 2 jours seulement) : impossible pour lui d’atteindre le sommet, orage jusqu’à 6h du matin ! Les randonneurs ont du rebrousser chemin au début de la montée mais nous décrivent une ascension dantesque : il faut ramper et même en s’aidant des mains c’est quasi-impossible ! Ça tranche un peu avec les indications de Marie-Claire, notre amie tour-du-mondiste qui nous a bien briefés sur l’Indonésie, mais c’est intimidant !

Nous montons tranquillement (mais avec 4,5L d’eau chacun !) jusqu’à Kalimati où la plupart fait son dernier camp avant le Semeru. La vue sur le Semeru est magnifique… et assez impressionnante !

Nous poussons jusqu’au dernier camp, Arco Podo, au pied de la pente de cendres : ce sera toujours ça de moins à monter demain ! Nouilles à 17h et on file dans les tentes. Cinq minutes plus tard la pluie se met à tomber : on a eu chaud, mais ça n’annonce rien de bon pour demain !

Le jour J

Réveil à 1h15 et grosse motivation : on voit les étoiles ! Nous laissons les affaires et partons avec un peu d’eau et surtout des bonnets et des gants car ça caille ! La montée de 700 m dans les cendres est très raide, un peu glissante, mais… tout à fait faisable. A tel point que nous nous forçons à faire quelques pauses pour ne pas arriver trop tôt au sommet. Nous y serons vers 5h15, timing parfait pour un lever de soleil à 360 degrés.
Le soleil se lève doucement, on voit la mer, d’autres volcans, notre trajet des jours précédents : c’est superbe.

Tout est très calme car depuis quelques semaines le Semeru n’explose plus toutes les 30 minutes comme auparavant. Pourtant nous entendons un énorme grondement et nous pensons tous (bêtement !) qu’un avion nous survole d’un peu trop près. Le doute est vite levé : un énorme panache de fumée marron s’échappe du cratère puis est aussitôt emporté par le vent ! Nous sommes bien au sommet d’un volcan actif. C’est impressionnant mais tout va très vite. Des quatre jours que nous passons dans la région, nous ne l’avons jamais vu exploser à nouveau : quel bol !

Du ski sur la cendre

Ne manque plus qu’une descente de 700 m en une demi-heure, nous courrons comme des fous dans la cendre : nous sommes comblés.

Le retour à Ranu Pani, qui se fait en une journée, sera quant à lui épuisant ! Nous arrivons à 16h après environ 12h de marche, sautons dans une Jeep pour Cemoro Lawang et un repos bien mérité.

Le lendemain nous n’aurons pas la force de nous lever à 3h pour un nouveau lever de soleil… snobant ainsi le point de vue classique. Nous quittons ce haut lieu du tourisme indonésien avec nos souvenirs tout personnels, ravis d’avoir osé cette randonnée extraordinaire !