Les cités d’or

Le Machu Picchu, c’est la même photo vue mille fois, ce sont 450000 visiteurs annuels, des tarifs scandaleux pour s’y rendre et entrer sur le site, un ballet de trains et bus, une ville créée de toute pièce pour le touriste (Aguas Calientes).
Mais c’est aussi le site archéologique le plus impressionnant d’Amérique du sud, un des endroits les plus connus au monde. C’est une grande cité inca perchée sur un éperon au milieu de la jungle.
Alors : iront, iront pas ?

Le chemin du touriste

Réponse : oui, nous y sommes allés !

Les Espagnols n’ont jamais trouvé la cité inca du Machu Picchu car son accès était très difficile. Aujourd’hui, pour le touriste tout n’est pas simple non plus. Pour atteindre le Machu Picchu il existe plusieurs options :

  1. en train jusqu’à Aguas Calientes, puis bus jusqu’au site (5 heures)
  2. par un bus jusqu’à une usine hydroélectrique, puis à pied le long du train jusqu’à Aguas Calientes (environ 2 jours)
  3. à pied directement par le « chemin de l’inca » (3 jours)
  4. à pied par le « tour du Salkantay » jusqu’à l’usine hydroélectrique (4 jours)

L’option 1 étant très chère, l’option 2 très longue et peu sûre (glissements de terrain) et l’option 3 fermée à cette période de l’année, nous choisissons la 4 ! Nous marcherons 4 jours avant d’atteindre la cité mythique.

Devant le nombre de détails à régler et le prix des transports, nous optons pour le « tour organisé », le prix tout compris n’étant pas beaucoup plus élevé que si nous y allions en train par nos propres moyens. Il suffit alors de choisir une des multiples agences de Cusco ou de répondre à une sollicitation dans la rue…

C’est parti

Le tour commence par un transfert en bus jusqu’au village de Mollepata où nous faisons la connaissance de notre guide Walter, du cuisto Vicente et de nos mules (qui n’ont pas de nom). Nous sommes neuf touristes et par un miracle surprenant, tous sont sympa : Frédérika, l’Allemande discrète qui sillonne la région pendant 6 mois. Yann-Peter et Janina, Allemands eux aussi et qui ont étudié à Buenos Aires. Nick et Josh, Anglais qui ont visité à peu près les mêmes pays que nous, mais en seulement six mois ! Kai le Canadien très bavard et son acolyte Jerred, en vacances pour quelques semaines au Pérou. Céline et Olivier enfin, tour-du-mondistes dans leurs dernières semaines de vadrouille, des plus sympathiques.

La fine équipe

Pour le reste, moins de surprise : le guide n’est ni très pro ni très sympa, le cuisinier est franchement nul (même les nouilles nous manquent !) et si les mules font leur travail, le muletier, lui, ne sait pas mettre une bâche sur un sac pour qu’il ne prenne pas l’eau. Grrrr… les « tours » !

Les deux premiers jours de marche consistent à monter jusqu’à un col à 4650 mètres d’altitude au pied du mont Salkantay, qui en fait lui 6264.

En remontant la valléeSalkantay dans la brume

On passe des plantations de maïs aux alpages le premier jour, puis on redescend dans la vraie forêt humide le second. Nous avons un temps mitigé et malheureusement de la pluie au point culminant, mais nous pourrons quand même admirer furtivement le Salkantay et sa belle paroi de glace. Le chemin est vraiment joli et la marche facile puisque ce sont les mules qui portent l’essentiel ! De plus ce lieu est peu fréquenté, nous ne croisons qu’un seul autre groupe (à comparer aux 500 personnes par jour autorisées sur le fameux chemin de l’Inca). C’est donc un parcours qui nous plait bien !

Dans la junglePunaise !Jolie fleurPapillon qui butineFleur humideMarche sous le crachinRivière dans la valléeBambousDepuis la jungle, une montagneRivièreColéoptèreColéoptères licorne

Les campements sont bien placés, mais pas très charmants : bâche en plastique le premier soir, jardin un peu sale le second. Mais le temps étant capricieux, nous apprécions bien d’avoir un abri pour le soir faire d’interminables parties d’un jeu de carte fameux que nous ne nommerons pas sur ce blog distingué (c’est un jeu où on peut être président ou… avoir un rôle moins enviable : « TdC »). Durant les longues heures de pluie nous allons tous développer un intérêt certain pour ce jeu qui nous offre de belles séances de rigolades.

CampementDeuxième campementGlissement de terrainPartie de TdC

Le troisième soir, nous découvrons un étrange « campement » en béton jamais fini mais entouré d’un grand jardin. Le gentil propriétaire nous en fait faire le tour et nous découvrons des cacaotiers, des bananiers, un pied de coca et l’arbre à achuete, un fruit aux graines rouges pour colorer les aliments et cosmétiques. C’est toujours intéressant de se rappeler que le café ne pousse pas en poudre ou le chocolat en tablettes.

Graines d'achueteMaquillage à l'achueteCocaFeuille de cocaAvocats pas mûrs !!!

Le quatrième jour, et alors que cette fois il pleut fort toute la journée, nous rejoignons la vallée du Rio Urubamba au niveau de la fameuse usine hydro-électrique et marchons le long de la voie ferrée. Nous croisons tant de chiens malintentionnés, pourtant une petite chienne toute sympa que nous baptisons Changita nous suit sur tout le trajet (remarquez sur les photos une des oreilles pliée pour avoir l’air encore plus mignonne) !

Sous la pluie, vers Aguas CalientesPassage à niveauL'adorable Changita

Les vues dans la gorge sont superbes et surtout, la rivière est déchainée. Nous n’avons jamais vu un tel déluge (même à Iguazu !). Le spectacle est vraiment incroyable quand nous observons la rivière d’un pont suspendu et que certaines vagues nous passent au dessus !

Attention projection d'eauRivière en furie

Au pied du mur (inca)

À la ville d’Aguas Calientes, nous voilà enfin au pied du fameux Machu Picchu (prononcer « matchou pic chou »). Au cinquième jour de notre périple, nous nous levons à 4 heures du matin pour entamer une montée de quelques centaines de marches. Il fait nuit, mais il ne pleut pas ! Changita nous attend devant l’hôtel mais se fait ensuite refouler à l’entrée du site. Après une petite attente dans une ambiance « guichet de concert » (assez désagréable), nous ne trainons pas pour monter et arriver dans les premiers à l’entrée. Pourquoi une telle course ? Pour être sur le site vers 6 heures, éviter la foule et voir le soleil se lever, mais aussi pour obtenir un des 400  sésames qui autorisent à grimper au sommet du Huayna Picchu, le fameux pic qui surplombe la cité inca (nous aurons les numéros 13 et 14, pas mal !).

L’entrée sur le site nous fait vite oublier l’atmosphère Disneyland de l’entrée : c’est magique ! Quelques nuages pour l’ambiance, le soleil qui colore le ciel, peu de monde… et une immense ville inca dont l’architecture épouse joliment la montagne ! Le charme du Machu Picchu opère immédiatement.

Le Machu PicchuDans la brumeDans la bruneLama

Nous faisons une petite visite guidée du site avec Walter. Nous en apprenons un peu sur le système d’irrigation ingénieux des Incas, l’organisation de la cité en secteurs (agricole et urbain), la ressemblance (prétendue évidente) de certains bâtiments et même de la cité entière avec un condor. L’histoire de la découverte aussi : les envahisseurs espagnols n’ont jamais atteint le Machu Picchu car ils ne connaissaient que le chemin d’accès « long », pas le chemin « court ». La cité a disparu suite à des luttes de pouvoir. Quelques centaines d’années plus tard, en 1911, alors que les ruines étaient connues des paysans locaux, l’archéologue américain Hiram Bingham se fait guider jusqu’au Machu Picchu et permet au monde entier de le redécouvrir. Bien sûr en « contrepartie » il repart avec quelques souvenirs sous le bras, comme une centaines de momies qui sont encore aujourd’hui exposées à l’université de Yale…

Les alentoursVieilles pierresVue sur le quartier urbainLe Machu Picchu

 

Nous apprenons aussi beaucoup avec le magnifique prospectus en Français qui n’est pas donné à l’entrée mais que nous obtiendrons à l’office du tourisme (à « seulement » 35 € le ticket, il ne faut pas trop en demander !).

Par exemple en seulement 94 mots bien choisis on peut tant se cultiver (réalisé sans trucage) :

« Le détail des Portes à Machu Picchu et surtout dans ce secteur il est très fréquent d’y trouver plusieurs caractéristiques de texture, mesure et style architectonique qui les distingue les unes des autres, même que toute coïncident dans la forme traditionnel du trapèze, quelques unes ont un seul jambage et seuil ; d’autres en ont une double, des unes simples d’autres avec des divers mécanismes de sécurité avec des anneaux de pierre, des boites centrales et d’autres qui servait pour y lier des buches transversales et assurer d’avantage les portes.« 

Voilà qui explique tout !

Temps breton

Nous passons le reste de la journée à deux, à profiter du Machu Picchu sous tous les angles et tous les temps ! En dix heures sur le site -quand même- nous aurons plusieurs belles éclaircies et quelques grosses averses. Nous prenons bien le temps d’ausculter les moindres recoins de la ville, qui est vaste ! La montée au sommet du Huayna Picchu consiste en 360 mètres de marches assez raides. Mais le plus difficile pour nous reste les problèmes de circulation, nous n’avons pas l’habitude de côtoyer de « vrais » touristes, qui eux n’ont de toute évidence pas l’habitude… de faire de l’exercice. Mais ça vaut la peine : du haut de cet éperon étroit où ces fous d’Incas sont allés construire d’autres bâtiments, on jouit d’une très belle vue sur la cité et les montagnes environnantes tout aussi abruptes.

La forme de condor ?Montée au Huayna Picchu

Il y a bien du monde, certes, mais on arrive quand même à trouver des endroits déserts où seules les coquines viscaches se rendent. Nous allons aussi jusqu’au « pont de l’Inca », deux planches à flanc de falaise qui servaient de « pont levis » amovible : malin ! Comme toujours, ce genre d’escapade nous permet d’éviter la foule et nous découvrons la végétation luxuriante du coin et quelques colibris.

Le pont de l'IncaViscache coquine

Nous nous résignons à quitter le site et de retour à la ville d’Aguas Calientes, nous partageons avec nos collègues de trek un bien bon repas dans un restaurant… franco-péruvien. À 19 heures il est temps de prendre le train pour Cusco et Changita nous fait la surprise de nous attendre sur le quai ! Il s’en faut de peu pour que Céline ne décide de refaire sa vie au Pérou.

L'adieu à Changita

Nous finissons bien sûr par quelques parties de TdC dans le train avant d’atteindre Cusco à minuit passé, exténués mais la tête pleine de belles images du Machu Picchu… en vrai !

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10 réponses

  1. Anonyme dit :

    Ahhh les touristes.
    J’ai à peu près les mêmes photos (avec ma tête bien sur), une forêt luxuriante, un campement paumé, mais un Machu Pichu magnifique mais bondé de monde…

    a+

  2. Sandra dit :

    Voici de belles photos encore une fois !!
    C’est vrai que cette petite chienne est adorable avec sa petite oreille pliée sur le côté…Une vrai coquine… 😉
    Votre fameux jeu de cartes vaut-il le uno ??!!
    Bref merci encore pour vos extraordinaires aventures !

  3. Sandra dit :

    Un vrai régal que ce texte et ces photos qui font rêver.
    J’aime particulièrement la jeune inca avec ses nattes,que l’on voit sur la dernière photo, en train de caresser Changita.

  4. Olivier dit :

    J’aime particulièrement la jeune inca avec ses nattes,que l’on voit sur la dernière photo, en train de caresser Changita.

    J’avoue que j’ai moi-même bien failli rester au Pérou, sous le charme de cette belle autochtone…

  5. Fred - le frangin dit :

    Sympa les photos d’insectes, y’a de la maîtrise !

    Ça se voit tout de suite à la photo de la fine équipe, vous êtes plutôt bien tombés. Par contre je suis vraiment étonné que le Machu Picchu reste aussi difficile d’accès.

    J’aime bien l’attitude de Céline sur le pont, on imagine assez bien les paquets de flottes qui se déversaient sur le pont. Vraiment pas rassurante la rivière !

    Voilà après le côté touristique et l’accès pas forcément engageant ça donne quand même sacrément envie le Machu Picchu. Puis c’est vrai les péruviennes ont l’air hyper mignonnes avec leurs nattes !

  6. Danone dit :

    Ca fait des mois que j’enrage à vous lire, fou de jalousie que vous ne soyiez jamais em***** par des (fuc***) touristes!
    J’aurais eu ma revanche sur la fin.

    Plus que la jolie brune à nattes (Le chewbacca qui la suit comme son ombre risquerait de m’en retourner une si je m’approche trop), j’ai bien aimé l’escapade bonus vers le huayna Picchu et notamment le pont levis. Il y a un nombre limité de ticket pour monter jusqu’à là-haut ? Je suppose qu’il n’est pas non plus possible de passer par le pont-levis pour monter au site ?

  7. Marie Claire dit :

    merci;-)!!

    moi c’est le viscacha que j’adore, il est trop trop mignon!
    bises
    mc

  8. Olivier dit :

    Ca fait des mois que j’enrage à vous lire, fou de jalousie que vous ne soyiez jamais em***** par des (fuc***) touristes!
    J’aurais eu ma revanche sur la fin.

    T’enflammes pas trop, tu n’as pas lu la suite 😛

  9. Fred - le frangin dit :

    Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pensé à cet article quand j’ai lu qu’il se préparait une deuxième série « Les Cités D’Or » : http://golem13.fr/les-mysterieuses-cites-dor-2-premiee-affiche/

  10. Olivier dit :

    Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pensé à cet article quand j’ai lu qu’il se préparait une deuxième série « Les Cités D’Or »

    Merci pour l’info ! Il faut avouer qu’on est justement en train de se refaire toute la série et que c’est absolument génial (notament les petits documents de fin d’épisode). Quelle merveilleuse série !
    Ceci dit je reste sceptique sur une suite qui, je cite « devrait beaucoup ressembler à ce que l’on connaît, avec peut-être en partie, un peu de 3D ».
    En même temps, ça peut difficilement être pire que cette tentative qui ressemble à une blague tellement c’est médiocre :
    http://www.dailymotion.com/swf/x2i1h0_les-nouvelles-aventure-de-esteban-e_events

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