À 4000 mètres sous la terre

Après en avoir pris plein les yeux dans le sud Lipez nous allons découvrir d’autres aspects de la Bolivie : la face sombre d’une mine de zinc et le côté intellectuel de la capitale.

Montagne d’abondance

Pour relier Potosi depuis Tupiza nous prenons notre premier vrai bus bolivien : rustique mais tout à fait correct et surtout à un tarif ridicule. L’arrivée à Potosi est impressionnante. Au détour d’un col à plus de 4000 mètres d’altitude, dans un paysage très aride, nous découvrons une montagne découpée en morceaux, surplombant un alignement de maisons en pente. C’est la ville la plus haute du monde !

PotosiPotosi et le Cerro Rico

A première vue insalubre, la ville est en fait jolie : le centre est de type colonial avec quelques beaux bâtiments et de grandes églises.

Eglise de PotosiUne rue et le Cerro RicoDétail d'une église

Nous visitons la Casa de moneda, bâtiment dans lequel toute la monnaie bolivienne était fabriquée jusque dans les années 50.

Et pour cause : le Cerro Rico (« montagne riche ») qui surplombe la ville a commencé à être creusé dans en 1545 pour y extraire de l’argent. Le filon s’est vite révélé prolifique et la ville s’est développée à vitesse grand V. Au XVIe et XVIIe siècles c’était même la ville la plus peuplée au monde ! Anecdote amusante : à l’époque les pièces avaient un nom de monnaie, une valeur, mais aussi une « marque » en fonction de l’endroit où elles avaient été fabriquées. La monnaie d’Amérique du sud s’appelait « real » car fabriquée avec du vrai argent.

Pour purifier l’argent, il était fondu dans des fourneaux… entretenus par des esclaves noirs et indigènes, bien sûr !

Les Colons ont fait venir d’Espagne d’énormes machines en bois entrainées par des mules pour laminer les plaques d’argent. Ensuite, les feuilles étaient martelées puis découpées en pièces.

Zinc zinc

Aujourd’hui, plus d’exploitation humaine. La mine appartient à l’état et est gérée par une coopérative : chaque équipe se partage le minerai qu’elle extrait. Par contre, il n’y plus d’argent sous terre, mais du zinc et de l’étain… Plus rentable que les minerais, le gagne-pain local est le tourisme : la visite de la mine est une vraie industrie.

Nous nous joignons à un groupe de touristes qui veulent découvrir les conditions de travail actuelles des mineurs… ou voir la misère de près. Juan-Luis, notre guide, nous invite à acheter quelques « cadeaux » pour les mineurs : boissons gazeuses mais surtout bâtons de dynamite, paquet de coca à mâcher. Pour rappel, ces feuilles (à la base de la cocaïne) sont très consommées en Amérique du sud pour limiter le mal d’altitude, améliorer l’endurance, couper la faim, augmenter la résistance au froid. Que des avantages… avec l’inconvénient d’être illégal dans beaucoup de pays !

Achat de coca, llipta (catalyseur de la coca) et alcool 96°CC'est de la dynamite !

Nous sommes quasiment une centaine de touristes affublés de combinaisons, bottes et casques pour visiter la mine. Heureusement, nous sommes repartis sur une dizaine de galeries qui se visitent, ça limite un peu le malaise. A noter que dans une centaine de galeries, pas de touristes, donc pas de boisson, pas de coca, pas de dynamite offertes !

C’est de la dynamite !

Tout se fait à la main : les mineurs posent d’abord quelques bâtons de dynamite pour fractionner la roche (ils ont 4 minutes pour allumer toutes les mèches et filer !). Il faut ensuite charger les gros sacs en caoutchouc avec une pelle. Le reste de l’équipe remonte le sac d’un niveau par une manivelle puis le transporte avec une brouette jusqu’à un chariot… qui sera enfin sorti de la galerie sur des rails.

L'entrée de la mineDescente en enferLes mineurs se tuant à la tâcheRemontée du mineraiRemontée du mineraiJuan-Luis et le plus vieux mineur de PotosiAmianteTransport de rails

Dans la mine, il n’y a pas de gaz explosifs mais certains sont toxiques comme le monoxyde de carbone. Pourtant, Juan-Luis nous explique que les accidents n’arrivent qu’avec les mineurs saouls…

Globalement, les conditions de travail sont d’un autre âge : pas de masque alors qu’il y a de l’amiante, échafaudages sommaires… On dit que la durée de vie d’un travailleur dans la mine est de dix ans ! D’où, quand même, une impression de voyeurisme même si le « tour » de la mine est intéressant.

La partie la plus folklorique est la rencontre avec « El Tio ». Cette divinité vénérée par les mineurs est un diable ! Il faut l’amadouer deux fois par semaine avec des offrandes : quelques feuilles de coca, de l’alcool pur (pour que le minerai soit pur lui aussi) et deux cigarettes allumées !

El Tio et ses offrandesOlivier fait une offrandeEl Tio tabagique

Musées de Sucre

Autre ambiance à Sucre, la capitale juridique et constitutionnelle de la Bolivie (La Paz étant bizarrement la capitale gouvernementale, donc de facto). Encore quelques beaux bâtiments coloniaux et des musées intéressants (même Olivier, après neuf mois d’abstinence intellectuelle, s’y plait !).

Vue de Sucre depuis plaza RecoletaEglise de Sucre

Nous commençons par le musée universitaire, qui présente beaucoup de poteries de l’époque pré-colombienne assez intrigantes. On y voit aussi des momies dont les crânes sont déformés : les enfants de 2 à 14 portaient des bandelettes leur allongeant ou élargissant le crâne, suivant l’ethnie.

MomiesPoteries

Ensuite, nous découvrons les talents de tissage des paysans de la région, au musée de l’art indigène (qui encourage les traditions et savoir-faire en présentant des créations contemporaines). Le musée est très bien fait avec beaucoup d’informations traduites en français. Résultat : nous partons avec un superbe petit souvenir de l’ethnie Jalqu’a !

Dame Jalq'a en train de tisserSouvenir Jalqu'a

Pour finir la tournée studieuse de la ville nous admirons les figures effrayantes du musée des masques : ici le carnaval doit être exubérant !

Saletés

Mais à Sucre nous profitons aussi de deux lieux passionnants : le marché et ses succulents jus de fruits et -faut-il y voir un lien ?-, la Clinica del Monseñor Jesus Perez, pour y soigner Céline d’une mauvaise salmonellose.

Dames jus de fruitièresMarché de SucreNotre dame jus de fruitière préféréeSous perf' chez Monseñor Jesus

Par solidarité, Olivier régurgite quelques repas dans le bus de nuit qui nous éloigne de la ville de Sucre…

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4 réponses

  1. À cause de la salmonellose qu’a eu Céline (surtout), le ressenti de voyeurisme dans la mine et les apparentes conditions de travail minables des mineurs, cette partie de votre voyage sera celle qui m’aura fait le moins rêver.

    J’aurais au moins appris l’origine du « real » et cette incroyable histoire de Potosi la ville la plus peuplée du monde au XVI et XVII siècle.

    Comme vous à ce moment-là j’espère que la suite du voyage sera de meilleur augure.

    Plein de bises les globe-trotters !!!!

  2. Sandra dit :

    Oh c’est dur de te voir comme ça !!
    Heureusement que nous avons d’autres belles images ….
    Olivier quel courage ! S’approcher du diable comme ça !!
    Bref encore de belles aventures que nous partageons avec plaisir !
    Les bâtons de dynamite ressemblent à des cigares à la fêta !!
    Plein de bises à vous deux !
    Prends soin de toi ma sœurette !!
    Bravo pour les améliorations constantes du blog ! Et les textes toujours d’une grande qualité !! Mais oui les photos sont belles Olivier !

  3. Anonyme dit :

    😡 Allez le couple de warrior, courage! Une petite pensée pour vous et surtout Céline qui fait semblant d’être malade! Hâte de vous revoir!

  4. Un petit coucou des deux français que vous avez croisés dans le parc Madidi.
    Comme promit voici l’adresse de notre blog : http://douguisette.travellerspoint.com
    Encore merci pour vos conseils.
    A++

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