Mobile dans la brume

Difficile de se passer de son smartphone.

Encore plus difficile d’accepter qu’on la perdu bêtement.

Mais alors, si en plus tu sais à peu près où il se trouve… ça peut devenir obsédant !

 

Début avril 2023, je suis très content de mon Huawei P30 Pro, acheté il y a bientôt 3 ans. Même s’il est beaucoup trop gros (mais ça c’est une fatalité), il fait tout très bien. Je viens de lui ajouter une petite carte mémoire supplémentaire et, de passage à Lyon, j’en profite même pour faire changer la coque qui était toute fendue depuis quelques mois.
Bref, je le bichonne, il est comme neuf et j’ai bien l’intention de le garder encore un moment.

Le drame

Deux jours plus tard, au lendemain d’un chouette concert de Thurston Moore, mon ami Virgile et moi partons skier aux Contamines.
Il ne fait pas très beau mais il a neigé toute la nuit, ce qui promet de belles descentes en poudreuse.
Et on est pas déçus ! On fait les premières traces en bord de piste dans des conditions excellentes.

Et qu’est-ce qu’on fait en 2023 quand on prend du bon temps ?
On profite à 100% ?

Bien sûr que non ! On sort son smartphone, on prend des photos et on fait le malin pour rendre jaloux les absents, évidemment !
Ce que je m’empresse de faire, arrivé au sommet de la station.
Et on repart pour tracer les plus belles courbes du monde.

Seulement, au moment d’immortaliser l’une de ces merveilles, je tâte ma poche de pantalon et… elle est ouverte, et vide.

J’ai donc laissé tomber mon bijou dans 40cm de poudreuse, quelque part dans les derniers 500 mètres de hors piste 😱

Les recherches

On remonte, on refait approximativement la même descente en cherchant, mais c’est peine perdue. Je pense alors à la fonctionnalité « find my phone », mais je ne suis pas sûr de l’avoir activée. J’essaye de me connecter à mon compte Google sur le téléphone de Virgile… qui me demande de valider la connexion sur mon propre téléphone 🙄

On se donne donc rendez-vous 1 heure plus tard à un point précis, je redescends tout en bas de la station. J’ai un ordi dans la voiture, que je connecte à un wifi (merci à l’Auberge du Télé !) et là, eurêka !! J’obtiens les coordonnées précises de mon téléphone.
Ça n’est plus qu’une formalité.

Je remonte, impossible de retrouver Virgile, puis finalement, ouf, je le retrouve dans la cabine des pisteurs : il était allé recharger son téléphone qui n’avait plus de batterie !

Le renoncement

On retourne sur les lieux du drame et on commence à creuser la neige en faisant sonner mon téléphone (52 fois en tout).
Impossible de l’entendre, encore moins de le trouver.
Le temps se gâte de plus en plus, il neige, et on a perdu suffisamment de temps : on laisse tomber ! Profitons plutôt un peu de cette journée de ski.
Je rentre à la maison, me fais prêter un téléphone, achète une nouvelle carte SIM.

Quelques jours plus tard, j’appelle la station pour savoir si un pisteur l’aurait retrouvé, mais 50cm de neige fraîche viennent encore de tomber et la station ferme dans une semaine : c’est foutu ! 😔

Mais je culpabilise d’avoir fait le boulet, je n’ai pas envie de laisser traîner ce déchet en montagne, je suis sans doute un peu radin et tout simplement têtu : je dois tenter d’aller le retrouver.

L’idée fixe

J’imagine un plan : j’attends la fonte des neiges et si je fais les recherches à VTT, au moins, si je ne retrouve pas le téléphone (ce qui est quand même le plus probable), je ferai une chouette sortie.

Je me mets à surveiller les webcams de la station pour détecter la fonte des neiges. Ca prend beaucoup plus de temps que je n’imaginais, et après plus de deux mois de patience, je considère que la neige a assez fondu et surtout je repère une accélération de la fonte.

Je ne veux pas non plus attendre que la station soit envahie de randonneurs ou Vttistes (de ceux qui montent en télécabine, en plus 🤮).

I’m back, physically and mentally

Bref, mardi 6 juin, je roule de nuit jusqu’au parking des Contamines, où je pose la tente.

Le lendemain matin j’attaque la montée à vélo et je ne tarde pas à suer à grosses gouttes. Il faut dire que j’ai emporté dans mon sac à dos :

  • un bâton pour sonder
  • une pelle à neige
  • et même… un détecteur de matériaux (pour sonder les placo)

Et accessoirement, si je suis bien habitué aux sorties de 500 mètres de dénivelés, je n’ai jamais enchaîné 1000 mètres.

En prenant le temps, en croisant quelques pisteurs à qui je raconte mon aventure, j’atteins la limite de la neige.

Mon calcul n’était pas mauvais : il reste juste des névés sous le sommet. Je finis à pied et m’apprête à entamer les fouilles (j’ai bien sûr un téléphone de prêt pour me localiser).

La zone où mon téléphone a « borné » avant de s’éteindre est pile sous un névé bien épais : je vais devoir potentiellement creuser 50 cm de neige tassée sur une sacrée surface.

Avant de me lancer dans les travaux d’Hercule je refais un repérage tout autour, y compris au dessus.

Et là…

Je vois un objet posé sur le névé du dessus, juste en surface.

Mon précieux !

Alors que je l’ai (bêtement) jeté dans une épaisse poudreuse il y a 2 mois, il se retrouve comme si je venais de le poser délicatement sur cette neige de printemps… sans la moindre égratignure. Tout est intact, même la protection souple. C’est tout juste s’il est un peu boueux.

Je n’ai plus qu’à le ramasser, c’est presque trop facile !

Je profite quand même de la vue, et comme prévu je m’offre une sacrée descente d’abord dans la neige, puis en prairie et enfin en forêt.

https://www.strava.com/activities/9222593721

L’épilogue

De retour à la maison, je le nettoie un peu et lui fais passer 48 heures dans des grains de riz secs.

Je me décide à le rebrancher et… il s’allume immédiatement.
On reprend tout simplement où on en était 2 mois plus tôt.
J’ai du mal à y croire, c’est trop beau pour être vrai 🤩

D’une grosse boulette, je suis passé à une idée rigolote (« et si j’allais voir, quand même ? »), puis à un entêtement (« c’est trop bête, je ne peux pas ne pas essayer ») et enfin à un sacré coup de bol pour le dénouement.

Et au final, ça fait une histoire plutôt marrante à raconter, non ? 😉

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